La modernisation des enseignements de l’anglais à Sala Baï fait partie des axes de développement de l’école. En août 2019, le poste de coordinateur d’anglais anglophone a été créé. Sabine Tourtellier a intégré l’équipe pédagogique pour accompagner les trois professeurs et mettre en place des méthodes plus interactives. Elle explique :
Pourquoi Agir pour le Cambodge a-t-il décidé de créer le poste de coordinateur d’anglais ?
Les retours des évaluations annuelles auprès de nos partenaires hôteliers ont montré que le niveau d’anglais des élèves de Sala Baï devait être amélioré pour répondre encore mieux aux exigences des métiers du tourisme, notamment face à la concurrence. C’est un véritable défi pour ces derniers de pouvoir s’exprimer en anglais car beaucoup n’avaient que très peu de notions avant d’étudier à Sala Baï, une conséquence de leur déscolarisation précoce. Ils ont donc besoin d’être davantage accompagnés, d’autant plus depuis que la formation de Sala Baï est reconnue par les pays de l’ASEAN.
Concrètement, en quoi consiste-t-il ?
Je suis arrivée à Sala Baï au mois d’août, période à laquelle Sala Baï accueille les jeunes qui n’ont aucune notion d’anglais pour un stage d’initiation à cette langue. En observant ce stage, j’ai déjà pu proposer des améliorations aux professeurs et leur suggérer des méthodes qui insistent sur la participation orale des élèves afin qu’ils osent parler anglais sans complexe.
Quelles sont les méthodes de perfectionnement des programmes d’anglais que vous utilisez ?
Ma priorité est d’orienter la méthode d’apprentissage vers une méthode directe et active. Je mets l’accent sur le rôle de l’oral dans l’apprentissage : immersion, répétition, intuition.
Mes axes de travail :
– penser en langue étrangère : la confrontation directe avec la langue cible est privilégiée. Il n’y a plus de traduction systématique en langue maternelle. Le vocabulaire, par exemple, est expliqué par des images ou des objets.
– privilégier l’oral : le passage par la forme écrite n’est pas systématique. La prononciation et l’oralité priment et l’écrit est utilisé comme appui de l’oral uniquement, afin de consolider les connaissances.
– privilégier l’inductif : c’est à travers l’observation que s’élaborent les règles d’une langue, comme une personne qui apprend sa langue maternelle.
Cela se concrétise par un travail quotidien avec les professeurs de Sala Baï. Avec eux, j’ai mis en place des ateliers collaboratifs. Nous y définissons un programme que nous déclinons en fonction des groupes de niveaux. En plus de l’évaluation écrite, nous avons introduit une évaluation orale de chaque élève pour répondre aux exigences de leur futur métier.
Dans le travail collaboratif avec les professeurs, je leur suggère d’utiliser de nouveaux supports plus ludiques : livres, vidéo, diffusion de films en anglais sous-titrés anglais (le premier sera Ratatouille, drôle et de circonstance !) Nous mettons aussi en place des cycles de conversation en anglais, sur des thèmes artistiques afin de développer leur ouverture à l’art, nous avons notamment travaillé sur Tribe Art Gallery for Khmer artists. Nous organisons des sessions de conversations avec des bénévoles de langue maternelle anglaise. Enfin, chaque vendredi à partir de novembre, nous instituerons les English Days : seul l’anglais sera parlé à l’école.
Tout est mis en œuvre pour que les élèves acquièrent du vocabulaire et des connaissances adaptés au milieu de l’hôtellerie et de la restauration. Ils sont mis en situation et utilisent du matériel pédagogique. Pour la section Cuisine par exemple, des panneaux avec des images de fourchettes, de verres, d’assiettes sont affichés en cuisine. Nous employons aussi une approche ludique en organisant des jeux tels que le jeu du béret sur des champs lexicaux différents : vocabulaire de la restauration, chiffres, parties du corps… Toutes les semaines, je prends un groupe d’élèves pendant 2 heures, afin d’évaluer leurs progrès.